Clémence

Le Rien

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Il y a beaucoup plus que ce que l’on pense, il suffit simplement de chausser la bonne paire d’yeux pour remarquer ce qui s’y trouve. Une pensée restée là où elle est née, une image jamais photographiée. Le point mort où tout se termine et où tout a commencé a laissé échapper une vivacité qui ne lui était pas permise. Un chemin s’est tracé par-delà le flot incessant d’idées qui sillonnent l’esprit. Une pointe d’aigreur s’échappant de la frustration qui avait été causée auparavant par le bruit de l’oubli. Un nuage surgissant rappelant les vestiges d’un conflit venu aussi vite que parti. Une trace volatile qui nous aurait rendues fières.

Clémence et Camilla

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Le Reflet (2/2)

Je décidai de revenir sur mes pas et contemplai mon image dans la glace. Ce dernier souriait à nouveau, je portai une main à ma bouche pour savoir si vraiment je riais mais, au lieu de cela, la silhouette me fit un signe de la main comme pour me signaler sa présence. Ceci me troubla beaucoup, je me dis à nouveau que j'hallucinais mais plus je me le répétais, moins j'y croyais et plus je doutais. Je jetai un regard à l'horloge qui m'indiqua qu'il fallait que je m'empresse de rejoindre le salon si je ne voulais pas arriver en retard.
Je me rendis donc à la cérémonie et m'efforçai de me concentrer sur l'union de mon frère à sa tendre épouse mais ce ne fut pas sans difficultés. Pour tout vous dire, je n'y parvins pas. L'image de cette personne que je ne pouvais désormais guère considérer comme étant mon reflet, m'obsédait. Elle m'obnubilait. Lors de la soirée, je m'éclipsai rapidement. Je désirai me contempler à nouveau dans ce mystérieux miroir afin de voir si mon reflet ne faisait pas une nouvelle fois la même chose que moi. Je détachai mes cheveux mais la demoiselle de la glace les garda attachés. J'en restai coite.
Cette personne était si somptueuse que je comprenais désormais les intentions de ma défunte mère. Tout était clair. Je ne pouvais plus rien faire sans que l'image de la jeune femme apparaisse dans ma tête. Je me relevais même la nuit pour aller voir la beauté de cet être. Je ne pouvais plus me passer de cette silhouette si parfaite. C'était un peu comme si je m'étais liée d'amitié avec un reflet qui n'était pas le mien. Les jours et les semaines passèrent sans que je m'en rende compte. Pas un jour ne s'écoulait sans que j'aille contempler cette beauté sans le moindre défaut. Ma famille n'existait plus, le visage des mes amis s'était effacé de mon esprit et je ne laissais personne d'autre que moi s'approcher du miroir. Mes proches essayèrent de me parler mais je ne voyais que leurs lèvres bouger. Aucune forme de son ne parvenait jusqu’ à mes oreilles. Je vivais dans un monde qui m'était propre et je ne le partageais qu'avec la silhouette sans défaut. Les années passèrent.
Un jour, je ne vis pas la demoiselle dans la glace, elle ne vint pas. Tout au long de la journée j'attendis. Je fis de même les jours et les semaines qui suivirent mais la silhouette ne se présenta pas. Je décidai alors d'aller me rafraîchir dans la salle de bain. Je regardai mon reflet dans un miroir anodin, l'image que j'y vis me stupéfia. Je portai ma main à mon visage et constatai que j'avais vieilli, de petites rides sillonnaient mon visage. Frappée de stupeur, je m'observais sans rien dire. J'avais vieilli et ma vie s'était résumée à un miroir. Durant cet accès de lucidité, je me dirigeai vers ce dernier, l’empoignai et le jetai sur le sol. Le bruit qu'il fit en se brisant me fit trembler. Je restai là sans rien dire.
Le reflet vint me hanter, durant les sept années qui suivirent.

Clémence

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Le Reflet (1/2)

Les faits que je vais vous raconter vont sans aucun doute vous étonner ou alors, vous paraître bizarres et peu probables. Si je ne les avais pas vécus, je partagerais probablement votre avis, mais le fait est que malgré ma réticence première, je dus me résoudre à y croire et cela m'entraîna dans un tourbillon incessant de doutes et parfois même de peur. Le but premier qui m'incite à raconter cette histoire est le simple fait de pouvoir me décharger du poids qui tous les jours se fait ressentir en moi et m'empêche de vivre pleinement. Le but second est de tenter de vous convaincre que ces événements se sont réellement déroulés comme je vais vous le conter. Je ne me fais guère d'illusions et je suis bien consciente qu'il est peu probable que vous trouviez une quelconque partie de mon récit plausible. Je ne cherche pas non plus à ce que vous compreniez ces faits. Je souhaite simplement que cette histoire reste dans ce monde lorsque je m'en irai et je pourrai de cette manière reposer en paix.
C'était un soir de fête, le mariage de mon frère pour être plus précise. Je m'étais à cette occasion vêtue de manière élégante. Naturellement, j'étais très excitée à l'idée que mon frère eût trouvé une femme avec qui partager sa vie. Je partis donc à la recherche d'un bijou pour ajouter une touche finale à ma tenue et passai devant un miroir lorsque ce dernier attira mon regard. Je me plaçai devant et regardai mon reflet sans bouger. Celui-ci était magnifique et il souriait, cependant il me semblait que je ne souriais pas. Je me dis que j'hallucinais et m'en allai à la recherche du fameux bijou. Une fois arrivée dans ma chambre, je scrutai l'intérieur de la pièce, cherchant du regard la broche que j'avais posée sur la commode. Lorsque je l'eus aperçue, je la pris et l'épinglai à mon bustier. Je relevai mes cheveux en chignon et mon reflet les releva de même. Je passai à nouveau devant la glace et décidai de ne pas m'y arrêter. 
C'était un miroir de grande valeur qui appartenait à ma mère. Il m'avait toujours semblé particulier. De son vivant ma mère ne se lassait jamais de contempler son image. Elle me disait toujours que cet objet la mettait en valeur. Cela m'avait bien entendu fait beaucoup rire. Même dans son lit de mort, elle souhaitait qu'on lui apporte sa glace. J'avais toujours trouvé cela insensé, curieux et particulier mais, depuis quelques instants, je doutais. Il est vrai que mon image m'avait semblé particulièrement belle, presque parfaite. 

Clémence

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Un feu ardent

Elle ne cesse de se demander pourquoi... Elle avait tout prévu mais comme chaque fois, c’était simple mais il a fallu compliquer. Le faible aura le dernier mot car c'est toujours de cette façon que les choses se terminent. Le monde est fait d'injustices... Elle est entourée de menteurs, mêmes les personnes qui sont proches d'elle ne sont plus honnêtes, elle ne sait plus qui croire. Comment des gens pareils peuvent-ils se regarder dans une glace sans voir ce qu’ils sont vraiment? Les flammes ne cessent de se mouvoir devant ses yeux, leurs couleurs varient de manière si étrange; elles semblent ne pas savoir où tout ceci va les mener. Elle pourrait presque croire qu'elles vont sortir de la cheminée... un peu comme la colère qu'elle tente de ménager. Tout ceci devra bien finir par trouver une issue, elle ne pourra pas contenir sa rage encore très longtemps. Elle tente de se calmer mais elle bouillonne, comme si un feu ardent brûlait en elle. Elle ne sait pas comment gérer tout ça, elle va imploser ou exploser... à voir. Elle doit à tout prix se contrôler, dans son état actuel elle ne pourrait pas tenir... A force de regarder ce feu dévorer la cheminée, elle se demande si la solution ne serait pas...
Peut-être devrait-elle se jeter dans les flammes...

Clémence

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A la dérive



Ce matin, j’ai mis mon manteau et suis partie à la recherche d’une couleur, pour effacer mes erreurs qui trop longtemps m’ont hantées, telles des corbeaux dans un champ de roses dorées que les rayons du soleil viennent illuminer, comme une bougie vient éclairer un homme écrivant les reliques de son passé, qu’il a tendance à oublier, pour savourer l’instant présent, qui lentement s’en va pour laisser place à un nouvel événement auquel se raccrocher car la vie est un long fil de choses distinctes que l’on croit séparées mais qui sont tout de même reliées, comme fixées les unes aux autres, comme des coquillages sur une pierre dont le chemin est déjà long, par-delà les océans qui ont tracé de leurs eaux sombres des chemins différents pour témoigner de la puissance de leurs bleus si changeants que la palette d’un peintre ne suffit pas ; ce matin je suis partie à la recherche d’une couleur qui m’est inconnue, mais le temps et la patience dont chacun fait preuve me la feront découvrir. Désormais, ma couleur sera translucide et j’apprendrai de mes erreurs au lieu de vouloir les effacer.

Clémence

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Les rideaux



Normalement les rideaux de l’appartement d’en face sont fermés, mais pas aujourd’hui. Pour la première fois je les ai vus, la petite septantaine, elle, un aspirateur à la main; lui, affalé sur le lit, il regarde la télé, Le Tour de France, apparemment. Elle lâche son aspirateur, se poste devant lui les mains sur les hanches et dit quelque chose, lui ne réagit pas, puis lui lance un coussin à la tête. Elle s’en va. Il se précipite hors du lit et s’empresse de la suivre. Deux minutes plus tard, ils sont de retour. Il enclenche la radio, lui prend la main, elle rit et ils se mettent à danser.

Clémence et Elsa

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