Affaire de famille
Affaire de famille (7)
jeudi 03 avril 2014
Je me réveille peu à peu avec un énorme mal de tête. Qu’est-ce qui s’est passé ? Mes membres sont tout engourdis et je peine à me souvenir de ce qui est arrivé. Je me rappelle juste que le sol s’est dérobé sous mes pieds et que je me suis sentie tomber.
En regardant autour de moi, je me rends compte que je suis dans une caverne de glace. Je lève la tête et je m’aperçois que le trou par lequel je suis tombée n’est plus au-dessus de moi. «Peut-être que j’ai glissé sur le fond du trou et que je me suis retrouvée loin de l’orifice par lequel je suis tombée», me dis-je en constatant que le sol était légèrement en pente, un somptueux palais de glace ! Tout est gelé et pourtant je n’ai pas froid. Mais depuis combien de temps je suis ici ? Je me remets debout et je commence à marcher, dans le but de trouver une sortie. Je découvre plusieurs petites alvéoles creusées dans les murs et dans lesquelles se trouvent... des lits ? En entrant dans l’un de ces trous, je n’en crois pas mes yeux. C’est un véritable petit appartement avec des meubles ainsi que tout ce qu’il faut pour vivre, il y en a des centaines dans la crevasse. Etant perdue dans mes pensées, je ne remarque même pas que l’entrée de la petite maison se referme lentement. Je n’ai pas le temps de sortir et je me retrouve coincée dans la minuscule habitation. Je me rue sur le mur de glace en le cognant. Mais je comprends vite que c’est peine perdue. Je m’affale donc sur le lit et je m’enroule dans les couvertures chaudes, sans pour autant m’endormir.
- Comment te sens-tu ?
Je sursaute de peur en voyant une jeune fille pas plus haute que moi, avec de longs cheveux noirs tressés dans son dos, une tunique couleur de nuit et des yeux argentés. La mystérieuse inconnue s’avance et s’assoit sur les couvertures :
- Qui es-tu ? Où suis-je ? Comment je suis arrivée dans cet endroit ? Pourquoi...
- Eh ! Du calme ! Je ne peux pas répondre à tes questions, seul le chef du clan peut le faire. Je m’appelle Lidiane et sois la bienvenue au royaume d’Améthyste.
- Le royaume de quoi ?
- D’Améthyste, je viens de te le dire. Enfin bref, tu dois avoir faim, non ? Je t’ai amené quelque plats. Serre-toi, me dit-elle en me tendant un plateau plein à ras-bord de victuailles. Affamée, je me jette sur la nourriture. Ces mets me sont totalement inconnus mais ils ont un goût succulent. Une fois repue, Lidiane m’emmène visiter son curieux village.
- Au fait, me dit-elle, cette grotte où tu étais en train de dormir, c’est maintenant ta nouvelle maison. La mienne est celle juste à côté.
Je n’ai pas le temps de lui dire ce que je pense de ma «maison». Lidiane s’est arrêtée devant une estrade où se tient un homme avec une longue tunique blanche. Il se lève et je remarque que ma nouvelle amie s’est mise à genoux devant lui. Mince ! Je me dépêche de faire comme elle pour essayer de respecter le protocole. L’homme dit alors d’une voix forte mais douce :
-Te voilà enfin, élue de la prophétie. Nous t’attendions depuis bien longtemps.
(A suivre | Emilie)
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Affaire de famille (6)
jeudi 13 mars 2014
Enfin le weekend ! Au lieu de me lever, je reprends la lecture de mon roman que j’avais laissé en plan. Au bout de quelques chapitres, je pose mon bouquin sur ma table de nuit et je me lève pour aller ouvrir les volets de ma chambre qui est plongée dans le noir. La neige est au rendez-vous et un beau tapis blanc recouvre le toit des maisons ainsi que les rues et les parterres des jardins environnants. Je referme la fenêtre car je commence à greloter et je descends prendre mon petit déjeuner. Je suis à peine arrivée en bas que je remarque un sac et deux valises dans le corridor. Maman apparaît dans le couloir en transportant une paire de trousses de toilette dans ses bras.
- Mais, on va où ? lui dis-je.
- Tu n’as pas remarqué qu’il avait neigé cette nuit ? On part skier au chalet de grand-papa. Ce serait dommage de ne pas profiter de cette belle poudreuse !
Toute contente, je remonte en quatrième vitesse pour aller me préparer. J’enfile un jeans et un pull, des grosses chaussettes bien chaudes, un autre pull et ma veste. Je m’engouffre dans la salle de bains pour aller me donner un coup de brosse sur les dents. Je redescends dans le salon, fin prête. Soudain, je me rappelle que mon natel est resté sur ma table de chevet. Je remonte les escaliers et arrivée dans ma chambre je m’en empare. Je m’apprête à quitter la pièce lorsque mon regard est attiré par un petit objet brillant, posé sur le même meuble où mon téléphone était 3 secondes auparavant. C’est comme si la bague attendait que je la prenne. Je la passe autour de mon majeur et dévale les marches pour la énième fois.
Maman est en train de fixer les skis sur le toit de la voiture. Je l’aide et nous pouvons enfin partir pour les Diablerets. Sur la route, je ne peux pas m’empêcher de regarder le mystérieux bijou que j’ai trouvé sur le sol. Il me fascine tellement que je ne remarque même pas que nous sommes déjà arrivés. Je descends de la voiture en enfilant mes gants, ce qui me fait détourner le regard de la bague. La neige est si belle et poudreuse que j’en oublie tous mes problèmes. Vers 3 heures de l’après-midi, nous nous posons sur un tas de neige fraîche et nous déballons notre pique-nique. Je mords à pleines dents dans mon sandwich avant de sentir une vague de chaleur à mon doigt. Ce n’est pas très chaud mais juste assez pour que mon majeur se mette à me brûler. Je me dépêche d’enlever mon gant sans que maman ne le remarque et je retire l’anneau de mon doigt. En le posant dans la neige qui fond à son contact, il s’arrête de briller. Soudain, j’entends la voix de Maman :
- Jenny, je pars au chalet car je commence à avoir froid. Tu peux continuer à skier si tu veux, tu connais bien les pistes. Ne rentre pas trop tard quand même !
Je la regarde dévaler la pente en zigzaguant. Je n’ai plus faim et je pose mon sandwich à peine entamé dans la boîte de pique-nique. Je reporte mon attention sur l’anneau serti d’un diamant aussi blanc que la neige sur laquelle il est posé. Je m’apprête à le reprendre quand un trou béant se forme sous moi. Une crevasse ! Je tombe dedans en hurlant de toutes mes forces, accompagnée de ma boîte, de mes skis et de la bague que j’ai juste le temps d’enfiler à mon doigt.
(A suivre | Emilie)
Affaire de famille (5)
jeudi 13 février 2014
Ce matin, je vais à l’école, sans grandes convictions. J’ai fait des cauchemars toute la nuit à propos du mystérieux inconnu d’hier. Je n’ai rien dit à maman car, si je l’avais fait, elle aurait certainement fait une crise cardiaque. Sur le chemin, je passe devant l’église, ce qui me rappelle de mauvais souvenirs. Mais juste avant de dépasser le bâtiment, je remarque une bague avec un magnifique diamant, plus blanc que la neige. Il est si beau que je n’ai qu’une seule envie : le garder pour moi. Je le fourre dans ma poche de veste avant de partir rapidement, car j’ai déjà 7 minutes de retard.
Monsieur Robert, mon professeur d’histoire, m’a surprise en train de dormir pendant son cours et c’est ce qu’il déteste le plus. Il m’a mis deux heures de colle en plus de la punition pour mon retard. Comme si je n’avais que ça à faire... En sortant de l’école, une voix qui ne m’est pas inconnue m’interpelle :
- Hé ! Tu as fait tomber ce truc par terre. C’est un bijou à ta grand-mère ou bien tu l’as trouvé dans un musée ?
Je sais bien qui est la petite peste qui me parle. Cela ne peut être que Lana, autrement dit, la pire fille que je n’ai jamais connue.
- Je l’ai trouvé par terre, lui dis-je en la lui arrachant des mains.
- En tout cas, elle est de très mauvais goût, ton espèce de bague. Elle est bonne pour la déchèterie !
Je m’empresse de repartir en ignorant les petits rires moqueurs de Lana et de ses «copines». Quand je rentre chez moi, maman est en train de recoudre le trou qu’il y a dans mon bas de pyjama. Je vais prendre ce qu’il reste du paquet de chips au paprika et monte dans ma chambre. Je m’affale sur mon lit et je commence à regarder des vidéos débiles sur internet. Plus tard, je reçois un message d’un numéro inconnu. Je regarde qui est l’expéditeur et je découvre qu’il s’agit d’Eugène Liront. Qu’est-ce qu’il me veut encore ? Tant pis, je n’ai pas envie de le lire et je retourne à mes vidéos si passionnantes. Dix minutes plus tard, je reçois un autre message et c’est toujours de la même personne. Mais il m’énerve ! J’éteins mon natel et je descends au salon pour me mettre devant la télé.
On sonne à la porte. Comme maman est toujours en train de coudre je-ne-sais-quoi, je vais ouvrir. C’est le facteur qui vient me donner une lettre express à mon nom. Je le remercie et je monte dans ma chambre. Quand je l’ouvre, je regarde directement qui a signé ce papier. Une fois que la signature de monsieur Liront m’apparaît, je jette la feuille à la poubelle. J’en ai marre ! Il est huit heures du soir, et je suis tellement crevée que je n’ai aucun mal à m’endormir.
Je me réveille au milieu de la nuit, aveuglée par une mystérieuse lumière. La bague est en train de briller tellement fort qu’elle illumine toute ma chambre. Je la retire de ma main et quand je la pose sur ma table de nuit, elle redevient un bijoux ordinaire... Je ne parviens pas à trouver le sommeil et ce n’est qu’à 1 heure du matin que je pars pour le pays des rêves.
(A suivre | Emilie)
Affaire de famille (4)
jeudi 12 décembre 2013
Je me réveille à 4 heures du matin à cause d’un cauchemar et je ne parviens pas à me rendormir. Pour passer le temps, je descends dans le salon et je regarde la télé. Un peu plus tard, je prends mon petit-déjeuner et je retourne dans ma chambre pour lire le roman que j’ai emprunté à la bibliothèque. Je m’arrête au cinquième chapitre, il est 11 heures, et je décide de téléphoner à Sally pour savoir si elle peut me retrouver au parc pour discuter de la veille. Elle me répond qu’elle a son cours de danse classique et qu’elle ne pourrait venir qu’à partir de 16 heures. Je sort de l’immeuble pour aller relever le courrier. Tiens ? Il y a une lettre pour moi. Je m’empresse de l’ouvrir :
«Je vous donne rendez-vous à 14 heures, devant l’église, pour vous rendre le porte-monnaie que vous avez oublié, hier, dans mon épicerie. Cordialement, Eugène Liront.»
Liront ? Ce nom me dit quelque chose... J’irai à ce rendez-vous pour récupérer ce qui m’appartient. D’ailleurs, je ne me rappelle pas avoir posé mon porte-monnaie où que se soit dans cette boutique. Je rentre et dépose le reste du courrier sur la table à manger et vais me changer, il est déjà 13 heures. Je pars pour ce fameux rendez-vous, sans oublier de mettre un petit mot sur la table du salon pour avertir maman que je serai de retour dans environ 30 minutes. J’arrive avec un peu d’avance. Il est maintenant 14 heures 15 et toujours pas de monsieur Liront en vue. 15 minutes plus tard, je m’apprête à repartir en me disant que quelqu’un m’a joué un mauvais tour, quand deux mains me saisissent les bras et m’immobilisent. Je me débats comme je peux pour me libérer de son emprise : je lui envoie des coups de pieds et je me trémousse dans tous les sens. Mon agresseur semble déterminé à ne pas lâcher prise et tente de m’emmener je ne sais où. Je finis par réussir à libérer un de mes bras et, à l’aide de celui-ci, je griffe la main de l’inconnu qui me tient encore. Je suis parvenue à me libérer et je commence à courir aussi vite que je peux. J’arrive à la maison complètement anéantie. Quand je regarde derrière moi, il n’y a personne, mis à part un chat qui traverse la rue en trottinant. Je me rue dans ma chambre et j’y reste jusqu’à ce que je me rappelle que je dois aller retrouver Sally au parc. Je ressors de la maison en prenant le temps de regarder autour de moi pour voir s'il n’y a pas quelqu’un. Sally est déjà là et, en guise de salut, je commence à tout lui raconter. Je vais tellement vite qu’elle a du mal à me comprendre et quand je termine enfin, elle en est bouche-bée.
- Mais comment une chose comme ça a-t-elle pu t’arriver ? me demande-t-elle.
- Comment veux-tu que je le sache ? Je n’ai pas réussi à voir à quoi il ressemblait. Mais je me demande si mon agresseur ne serait pas celui qui m’a envoyé cette lettre...
- On s’en fiche de savoir qui à fait quoi. Le plus important c’est que tu rentres chez toi et que tu en parles à ta mère.
Sally me raccompagne chez moi et je m’enferme dans ma chambre pour ne plus en sortir de la journée.
(A suivre | Emilie)
Affaire de famille (3)
jeudi 28 novembre 2013
Le lendemain, je me rends avec Sally à la fameuse «Rue des Bourgeons». Arrivées là-bas, nous commençons à chercher le numéro 27 et quand nous arrivons en face, nous voyons une petite épicerie, une petite boutique comme tant d’autres, avec des pâtes, des épices et du thé. Cependant, il n’y a personne et nous sommes seules au milieu des étalages. Sally remarque une petite cloche et sonne dans l’espoir de faire venir un membre du personnel. Un homme arrive bientôt dans la pièce. Il est plutôt mince et, surtout, très grand. L’homme s’avance vers nous et demande :
- Vous désirez quelque chose ?
- Heu... en fait, on voudrait savoir si cette carte de visite viens de chez vous, demande Sally en lui tendant la carte.
- Oui, effectivement, c’est bien une de mes cartes de visites, pourquoi ?
- Eh bien... c’est-à-dire que...
- On l’a trouvée par terre ! me suis-je empressée de répondre. Je ne veux pas qu’une personne que je ne connais même pas sache la vraie raison de ma venue.
Je pose la petite carte sur le comptoir et nous sortons de la petite boutique, sans oublier de remercier le vendeur. D’ailleurs, il paraissait bizarre quand nous sommes parties; il nous regardait d’un drôle d’air... comme si il me connaissait.
- On est pas beaucoup avancées, je me demande si on ferait bien de continuer, m’a dit Sally.
- On rentre chez nous et on en reparle demain, d’accord ?
Sur ce, nous sommes rentrées. Je m’avachis devant la télé et je commence à regarder un peu n’importe quoi. Soudain, maman rentre de son travail et surgit dans le salon, deux cornets dans chaque main. Je n’ai pas envie de me lever et je continue à manger les chips au paprika que j’ai trouvées dans la cuisine, quelques minutes plus tôt. Maman commence alors à me crier dessus en disant que je ne l’aide pas assez, qu’elle doit tout faire et que je reste toute la journée devant mon ordinateur ou la télé. Elle disparaît dans la cuisine, l’air très fâché. Je me lève et je monte dans ma chambre, sans prendre le temps d’éteindre la télé, ni de ranger les chips.
(A suivre | Emilie)
Affaire de famille (2)
jeudi 07 novembre 2013
Les funérailles de mon père sont prévues pour la semaine prochaine. Je n’ai rien dit à mes amies car je n’ai pas envie d’en parler. Maman est effondrée et elle pleure tout le temps, moi aussi d’ailleurs. Je n’arrive pas à me résoudre qu’il a définitivement disparu, et qu’il ne sera plus à nos côtés. Je suis quand même allée à l’école, pour ne pas rater mon année. Mes amies se sont, bien sûr, aperçue que je n’allais pas bien et elles m’ont posé plein de questions. Je les ai ignorées, sauf Sally, ma meilleure amie. Quand je lui ai annoncé la nouvelle, elle m’a dit :
- C’est affreux ! Qui a bien pu faire ça ?
- Je ne sais pas mais je veux le découvrir.
- Arrête Jenny, c’est beaucoup trop dangereux. Il risque de t’arriver le même sort que ton père !
Je sais qu’elle a raison, mais, c’est décidé : je vais moi-même trouver l’assassin de mon papa. J’ai hésité à lui demander de m’aider, mais étant donné sa réaction, je suis sûre qu’elle va dire non. Suite à ça, je rentre chez moi et je me mets devant la télé. Je ne sais pas par où commencer mon enquête. Pendant que je réfléchis, on sonne à la porte. Je vais répondre : c’est Sally. Je la fais rentrer, et elle va s’asseoir sur une chaise.
- J’ai pas mal réfléchi, me dit-elle. Je sais que tu ne vas pas renoncer à trouver l’assassin et tu ne peux pas le faire toute seule. Autrement dit, je t'acompagne, mais à une condition : si la situation devient trop dangereuse, on arrête tout. Ok ?
- Merci beaucoup ! Tu es la meilleure des amies !
- Bon ! Par où on commence ?
- Je ne sais pas. Je n’ai aucune idée et pas d’indice. Tu en as toi ?
- Non, mais tu peux commencer par inspecter la salle de bain.
Nous nous y rendons avec l’espoir de trouver quelque chose. On commence par chercher sous les meubles et entre les produits de douches, sans succès. Un quart d’heure plus tard, il n’y a toujours rien et on commence à désespérer. Soudain, alors que je m’assieds sur le tapis, je remarque une espèce de petit bout de papier, caché entre le pied de l’armoire et le sol. Je m’empresse de le prendre et le montre à Sally.
- On dirait une sorte de carte de visite. Il y a une adresse dessus : « Rue des Bourgeons 27».
(A suivre | Emilie)
Affaire de famille (1)
jeudi 31 octobre 2013
Je rentre de l’école après une journée des plus banales. Arrivée devant chez moi, je sonne à l’interphone et j’attends. Personne ne répond. Je sonne encore sans plus de succès. Je décide alors de demander de l’aide au concierge de l’immeuble. Il m’ouvre la porte. Après l’avoir remercié, je monte les marches quatre à quatre jusqu’au troisième étage. Je m’arrête devant la porte de mon appartement pour reprendre mon souffle. Quand je relève la tête, je remarque que la porte est entrebâillée. «Ouf ! je peux rentrer.» Cependant, un détail me surpend. Depuis quand la porte reste ouverte à la vue de tout le monde ? Malgré une peur qui me tiraille le ventre, je la pousse et pénètre dans le hall. Tout a l’air normal... à première vue. Je pose mon sac contre l’armoire en chêne et je m’avance dans le salon. Un thé fumant est posé sur la table basse, ce qui veut dire que ma mère devrait être dans l’appartement. Je remarque que l’ordinateur est allumé. Je m’approche : pas de pages ouvertes, juste le bureau avec des icônes bien rangés. Ma mère débouche alors dans le salon, calme et souriante, comme d’habitude. L’air de rien, elle me demande comment s’est passé ma journée. Je lui demande pourquoi elle n’a pas répondu quand j’ai sonné tout à l’heure.
- J’écoutais de la musique, ma chérie.
- Mais la porte, pourquoi elle était ouverte ?
Elle ne me répond pas. Elle semble triste et on aurait dit qu’elle avait pleuré pendant des heures. Je me suis approchée et elle a commencé à pleurer comme je ne l’avais jamais vu faire. Je l’ai prise dans mes bras pour la consoler et elle m’a dit d’une petite voix :
- La porte était ouverte car quelqu’un est venu m’annoncer une horrible nouvelle, j’ai tellement pleuré que je n’ai plus pensé à la fermer. Je ne t’ai pas non plus ouvert car je ne voulais pas que tu sache ce que cet homme m’a annoncé.
- Mais qu’est-ce qu’il t’a dit de si horrible pour que tu te retrouves dans cet état ?
Elle n’avait pas envie de me répondre et ça se voyait. Maman ne m’a pas répondu tout de suite, au bout d’un moment elle a bredouillé :
- C’est à propos de ton père... il a eu un accident de voiture et il n’a presque aucune chance de s’en sortir vivant.
Je ne sais pas pourquoi, mais sur le coup j’ai comme perdu l’usage de la parole et j’ai moi aussi commencé à pleurer. Lui qui était d’habitude si prudent sur la route... Au fond de moi, je suis sûre que cet accident s’est produit à cause de quelqu’un d’autre et je suis bien décidée à trouver qui !
(A suivre | Emilie)