Quelque chose n’a pas cru bon se mettre en branle

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Les bois, leurs lisières, les chemins et les rivières, mais aussi les fontaines et les clairières ne cessent de me convaincre, chaque fois que je m’y abandonne, couché, assis contre une souche ou un talus, sur la terre ou les mauvaises herbes, que quelque chose du monde n’a pas cru bon se mettre en branle, demeure en l’état, en un lieu d’où une partie de moi se serait pourtant échappée un jour pour aller de l’avant – Dieu seul sait où ? – et permettre à celle qui est restée en arrière de continuer à être, aux aguets, immobile, en retrait de ce qui advient ; en un lieu qu’une rumeur et une brise incessantes font frémir, en un seuil où cicatrise la blessure par laquelle un peu de moi s’est échappé naguère, avec dans la main un fil qui s’est fait histoire, dont l’examen m’a permis, en rêvant consciencieusement, de goûter à nouveau, plus tard, sans le trahir, au paradis qu’il m’a fallu quitter un jour.

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Jean Prod’hom