Spiritualité
Les dieux sont de retour
guignent aux lisières
ils ont la gueule de bois
Jean Prod’hom
Dans les couloirs
La donzelle avait tout du tramway
lui manquait son charme
et un pantographe
Jean Prod’hom
Anxiété (c)
Anxiété
dans le petit monde de la poésie
le vide se réduirait
Jean Prod’hom
Bascules
Le train fantôme est un souvenir
l’homme est convié désormais
de bascule en bascule à faire la grande roue
Jean Prod’hom
Carnaval
Elle s’étonne des passants
qui lui tournent le dos
un malheur les a-t-il emportés
Jean Prod’hom
Gué (c)
Pierres immatérielles
sur lesquelles nous allons
immobiles
Jean Prod’hom
Tendre
Main lichen
joue de ton ventre
à la lisière terre meuble et bois
Jean Prod’hom
Toscane (c)
Un grain
des verts une vague
la soif la houle
Jean Prod’hom
Fin de journée
Compromissions cousues de fil blanc
ravalement de façades
la belle pleure derrière les volets clos
Jean Prod’hom
Tourner le dos (c)
Laisser libre
la porte dérobée
du théâtre intérieur
Jean Prod’hom
Près de la Chaux
Cherche près de la Chaux le bohémien
au bandeau blanc taché de sang
et la maison albinos
Jean Prod’hom
Dans les soutes
Dans les soutes de l’Achille Lauro
au trapèze d’un dériveur
ou dans la nuit sur une coquille de noix
Jean Prod’hom
Tête au vert
Les bourreaux huilent leurs chaînes
les victimes versifient
il est temps de mettre ma tête au vert
Jean Prod’hom
Avril (c)
Cric crac des crocus
trotte et draisine
au carrousel d’avril
Jean Prod’hom
Pierre ronde (c)
L'irréfutable déborde
la raison et baigne
son île
Jean Prod’hom
Déserts (c)
Le silence sur lequel débouchent nos certitudes
nous met davantage en danger
que ne le fait celui auquel s’abreuvent nos doutes
Jean Prod’hom
Caresses (c)
Lorsque la neige cède
le ventre souple et rond de la terre
plein sous la main
Jean Prod’hom
Sans issue (c)
La clé est à coup sûr
dans la bouche
de ceux qui se taisent
Jean Prod’hom
Ce qui n'appartient à personne
Se saisir de ce qui n'appartient à personne
le lui rendre
comme une offrande
Jean Prod’hom
Quelques mots
Quelques mots
une allée de platanes
de quoi écrire
Jean Prod’hom
Fin de partie (c)
Partie
dont on ne peut connaître le fin mot
en donnant sa langue au chat
Jean Prod’hom
Aussi longtemps (c)
La langue nous lie
aussi longtemps
que son usage ne nous en affranchit pas
Jean Prod’hom
Belle histoire (c)
Si rien n’a de fin c’est
peut-être parce que
rien n’a vraiment commencé
Jean Prod’hom
Mars
Le ciel se baigne
dans les flaques des labours
tapissées de boues lisses
Jean Prod’hom
Front de mer (c)
Sur le front de mer
les illusions se mêlent
au grain
Jean Prod’hom
Objectivement (c)
Seule manière de considérer
objectivement ses pensées
les tenir à respectable distance
Jean Prod’hom
Taille
Ne laisser au cep
qu’un seul sarment
orienté vers l’occident
Jean Prod’hom
Preuves
Jours fériés
dimanches
indiscutables preuves de l'existence de Dieu
Jean Prod’hom
Homéostasie (c)
J’héberge deux soi
l’un se tait quand l’autre fait la sourde oreille
chacun son tour
Jean Prod’hom
Panique
Assuré de marcher sur un chemin emprunté mille fois déjà
chercher sans y parvenir les signes d’une familiarité
perdre la raison
Jean Prod’hom