Le vent ondule
Le vent ondule, la rive résiste, l’homme s’affaire, le fruit murit. Chacun témoigne dans sa langue, là où il est, du point de tangence des innombrables mondes qui l’entourent et qu’il frôle. D’où le chant du coq au milieu du jour – le silence parfois –, le grain du granit et du grès, le doux et l’amer de nos vies, le parfum des haies vives, l’entrelacs de l’ombre et de la lumière.
Jean Prod’hom
Yvan Farron | Un après-midi avec Wackernagel
Ce petit livre a plus de vingt ans, Zoé poche l’a réédité en 2014 ; il s’intitule Un après-midi avec Wackernagel, Yvan Farron en est l’auteur ; je l’ai lu ce matin.
Ce récit d’un rendez-vous manqué fait voir que la raison, contrairement à ce que C. Auguste Dupin prétend dans le Double assassinat de la rue Morgue, est incapable de faire communiquer les substances, de les mettre au diapason.
Chez Edgar Allan Poe, en effet, l’enquête méthodique permet à une intelligence surexcitée, malade peut-être, quand bien même l’autre serait absent ou plongé dans ses pensées, de s’adapter à ses rêveries et à leur pente, de s’appuyer sur les obstacles rencontrés, pour que le premier devine infailliblement ce que le second pense, ou est sur le point de penser. Il suffit d’articuler, clairement et distinctement, c’est-à-dire rationnellement, ce qu’ils ont tous les deux sous les yeux avec les éléments de leur mémoire, les événements qui surviennent, en remontant ou en suivant le fil de leurs pensées, en décidant au carrefour sans jeter aucun dé. La méthode est implacable : on se retrouve quand bien même on se serait perdu de vue, à l’endroit même où on s’est donné rendez-vous, ou ailleurs, précisément. C’est aussi décidable que la flèche de Zénon, qui atteint la cible avant d’avoir quitté l’arc... pour autant qu’on n’en doute pas.
Pour autant qu’on ne prenne pas en compte la précession des équinoxes, qu’on ne confonde pas les causes avec leurs conséquences, et que le sentiment de pouvoir influer sur ce qui est ne mette en morceaux la communauté des pensées et des consciences, puis, de boucle en boucle, de refrain en refrain, d’obsession en obsession, ne fasse régresser le corps et la raison de vertige en vertige jusqu’à l’immobilité.
On a beau faire comme on veut, mais les ajustements auxquels le monde et nos penchants nous condamnent sont en si grand nombre que nous nous retrouvons bien souvent seuls, accompagnés par des fantômes, chargés de nous conduire à l’endroit même d’où ceux avec lesquels nous avions rendez-vous sont partis pour nous rejoindre, là où nous ne sommes plus. L’archer de Zénon ne tirera pas avant d’avoir fait la lumière sur l’enchevêtrement des circonstances qui assureront la rencontre de sa flèche et de la cible, comme tous ces inconnus assis sur un banc les soirs d’arrière-automne ou d’été, qui tentent de faire jouer le destin en leur faveur, de concilier leurs trajectoires en des points de rencontre.
Jean Prod’hom
Fraises
Fraises, ombre, sieste.
Un pas de plus,
ça aurait fait un poème.
Jean Prod’hom
Nous avons été faits au feu
Nous avons été faits au feu, placés depuis que nous sommes enfants parmi les perdants ou les gagnants, ballotés sans solution tierce, on dit système.
Parfois, quelques têtes brûlées se mettent hors jeu, elles le font savoir et font feu de tout bois : plus de règle, de tiers-exclu, tous les coups sont permis. Elles embarquent dans leur sillage le plateau de jeu lui-même qu’elles jettent par-dessus bord ; il nous faudra renoncer désormais aux jeux de dés ou à ceux de l’échelle ; plus de hasard ni de coups de main, mais une succession de cases noires.
Les hommes pleurent, quelque chose saigne ; les criminels sont sans visage, on a beau chercher, ils sont morts, avec la seule intention de laisser la place à la terreur ; elle guette, prête à circuler à nouveau, à régner sans toucher à rien, sans reprendre son souffle, avec cette manière bien à elle de décliner l’être : méfiance et soupçon, pots de vin et collaboration, on connaît ça. Voici la terreur toute nue, celle qui corrompt le langage, portée à son comble, pure volonté de nuire, de mourir, de ne plus en découdre avec ce qui résiste.
Que dire donc sinon l’épouvante qui rend muet ? Rien sinon un peu de ce rien qui reste en dormance à côté du lieu où nous sommes, où qu’on soit, en juillet ou en août, entre les pavés ou sur la place des villages déserts, derrière les volets clos ou à la lisière des bois, un peu de ce rien qu’il nous faut nommer, nommer encore, sans vacances ni jours fériés.
Jean Prod’hom
Toutes trois novices peut-être
Toutes trois, novices peut-être, avancent dans le Désert ; à la queue leu leu, voûtées et vêtues de noir. Elles marchent sans faire de bruit sur la route qui mène au monastère, tête penchée, regard tendu vers le bitume. Mais regard intercepté par leur main identiquement entrouverte, dont elles semblent fixer, stupéfaites, l’imaginaire stigmate.
Elles vont du même pas, au rythme de leur cœur fatigué, corps soumis à l'épreuve ; chacune respire avec peine l'air rare d’août ; le soleil ne les épargne pas, elles vont sans coiffe de bure, ni apprêt ni plainte ; elles vont assurées que l'appel viendra.
Le visage de la seconde s'éclaire soudain, elle lève la tête et porte sa main entrouverte à son oreille, comme s’il s’agissait d’un diapason ; elle sourit mais bien vite son visage s’assombrit. Le bras hésite, se baisse, la main lui obéit et reprend sa place, à hauteur de taille, offrande et contrition. Pourtant, elle ne renonce pas, poursuit son chemin avec les autres, l'œil à nouveau fixé dans le creux de sa main ; son pouce tremble dans l'ombre, elle ne lui laissera aucun repos, aussi longtemps que celui qu’elle attend ne l’aura pas appelée, lancé le fil qui l’en sépare et sur lequel elle le rejoindra.
Jean Prod’hom
Certaines têtes vides
Certaines têtes vides, violentes, dormantes, attendent dans le désert un signe de reconnaissance qui ne vient pas. Les circonstances les amènent à prendre l’affaire en main et à produire, parfois, le signe attendu, un double signe qui attesterait qu’il n’y a décidément rien qui vaille la peine et que leur tête est bel et bien vide : un carnage et leur suicide. Si celui-ci court-circuite leur démonstration – dont la poursuite devient impossible –, elle revêt dangereusement l’habit clinquant et séduisant de l’acte libre.
Il conviendrait donc, non seulement de protéger la société des actes meurtriers de ces anonymes – car, quoi qu’on en dise, ils n’ont pas de nom – , mais aussi de les maintenir en vie aussi longtemps qu’ils n’éprouvent pas ce qu’il ne cessent de nier et qu’ils partagent avec le reste de l’humanité, – quand bien même il serait plus judicieux de le leur faire voir lorsqu’ils sont enfants, de le leur faire toucher, entendre, sentir, goûter avant qu’on leur ait vidé la tête.
Jean Prod’hom
Accorder un droit
Accorder un droit,
c’est toujours, d’abord, une manière de garder la main.
S’imposer un devoir, c’est tout autre chose, c’est faire un pas.
Jean Prod’hom
Nourriture sous clé
Nourriture sous clé et partenaire sexuel sous toit,
l’homme tourne, avide et sans relâche.
Le menace aujourd’hui ce qui lui donne tant d’assurance.
Jean Prod’hom
Nos vies seraient-elles désormais sans lendemain ?
Nos vies seraient-elles désormais sans lendemain ?
En un certain sens,
pour autant qu’on ne cède pas au pire.
Jean Prod’hom
Quelque chose n’a pas cru bon se mettre en branle
Les bois, leurs lisières, les chemins et les rivières, mais aussi les fontaines et les clairières ne cessent de me convaincre, chaque fois que je m’y abandonne, couché, assis contre une souche ou un talus, sur la terre ou les mauvaises herbes, que quelque chose du monde n’a pas cru bon se mettre en branle, demeure en l’état, en un lieu d’où une partie de moi se serait pourtant échappée un jour pour aller de l’avant – Dieu seul sait où ? – et permettre à celle qui est restée en arrière de continuer à être, aux aguets, immobile, en retrait de ce qui advient ; en un lieu qu’une rumeur et une brise incessantes font frémir, en un seuil où cicatrise la blessure par laquelle un peu de moi s’est échappé naguère, avec dans la main un fil qui s’est fait histoire, dont l’examen m’a permis, en rêvant consciencieusement, de goûter à nouveau, plus tard, sans le trahir, au paradis qu’il m’a fallu quitter un jour.
Jean Prod’hom
L’homme s’était fait tatouer toutes sortes de choses
L’homme s’était fait tatouer toutes sortes de choses sur le corps ; sachez qu’on s’est croisé dans les vestiaires des bains de Lavey.
Sur le haut du dos, un code-barres, le nombre 1926 et le nom de Naples ; je ne peux m’empêcher de lui demander le sens de ce rébus. Il s’agit, me dit-il, de la date de fondation du club de foot de sa ville d’origine. Serais-je le seul ignorant ? Non ! Sans compter, ajoute-t-il, que ce nombre est également le numéro postal de la ville de Fully où il s’est établi depuis quelques mois, si bien qu’il n’en finit pas de s’expliquer.
J’en profite pour m’enquérir de l’identité de l’indien ornant le biceps que j’ai sous les yeux. Il s’agit en réalité de Padre Pio, un prêtre capucin canonisé par Jean-Paul II, né entre Naples et Bari ; ce détail géographique me laisse songeur. J’hésite une seconde, avant de renoncer à lui demander des précisons sur l’indienne qui s’agite sur son bras gauche. Je n’en saurai donc pas plus, rien non plus sur l’identité de la demoiselle qui cligne de l’oeil sur sa cuisse droite, rien sur le sens des deux messages en caractères chinois qui descendent le long de sa colonne vertébrale, ni sur tout le reste.
Je n’aurai en définitive qu’un seul regret : le code-barres. Son relevé m’aurait certainement permis d’accéder à l’ensemble des contenus du bonhomme.
Jean Prod’hom
Il est sept heures
Cher Pierre
Il est sept heures, nous longeons silencieux la moraine du glacier d’Aletsch, sur un sentier que l'homme, afin de protéger les alentours de ses excès, nous a interdit de quitter.
Mais quelque chose apparaît soudain, en contrebas, sur un écran que le soleil a peint en blanc. C'est une biche, sur une sente moins marquée que la nôtre, qui s'attarde et que suit un faon, un peu tête en l'air. Ils croquent au soleil un peu d'herbe et quelques-unes des repousses de la forêt primitive, avant de rejoindre les coulisses et l'ombre.
Une vingtaine de bêtes se succèdent ainsi, elles s'immobilisent dans ce morceau de lumière que semble tenir à l'abri le grondement lointain d'un torrent. Ils défilent dans le même ordre : une biche que suit un faon puis, – c’est comme cela, je crois, qu'on les nomme – , une bichette ou un hère, qui passent puis s'en vont, sans se retourner, dans les jardins labyrinthiques d'un palais sans toit dont on ne voit bientôt plus que les colonnes tordues d'arolle et de mélèze, accrochées à la terre et enroulées à la pierre. Les bêtes vont dans un silence semblable au nôtre et on aurait voulu que le cortège ne s'arrête pas; mais cela devait arriver, la dernière bichette sort de l'écran, la forêt immense se referme sur un secret, on ne les reverra pas.
Quant au cerf qui règne sur cette harde, on se demande bien ce qu'il fait de ses jours et de ses nuits, tout l'été, seul et invisible.
Pas loin, les pieds de chat et le gaillet se perpétuent, colonisent la moraine du vieux glacier qui a fait son temps. Inutile d'applaudir, on ne restaurera ni les bisses ni le passé, ils ne reviendront pas.
Aletsch, lente poussée d'une masse sèche qu'il est à coup sûr déraisonnable de vouloir rapporter ou mesurer à notre temps – on ne l'a que trop fait –, à moins que nous disposions d'un de ces morbiers oubliés dans une fermette en ruine du côté de L'Auberson.
J'aurais voulu plutôt, si les moyens m'en avaient été donnés, noter la lourdeur de cette bête, large et résolue, sur une portée qui aurait été au diapason du grondement des torrents qui tressent leurs rubans en bordure de sa langue ; une lourdeur qui abrase la pierre et les ans, une langue qui avance sans bouger, nonchalante, sans parade, pousse et dort à la fois.
Je ne noterai en définitive que le vent froid qui la tient éveillée, l'eau qui rigole sur son miroir.
Et ceci : on comprend mieux en pratiquant la bête, de loin et de près, l'allure primesautière des ruisseaux qui déroulent leurs caprices au large de nos maisons, en tenant embrassés, tendus, leur commencement et leur fin. Et on se réjouit que nos enfants leur ressemblent.
Il est, je crois, très utile de faire une retraite sur Aletsch, de surfer sur ce radeau qui file la meilleure pente ; elle aura à coup sûr la vertu pédagogique de ramener chacune de nos agitations à une crispation et chacune de nos vanités à de l'écume.
Amitié.
Jean
Aletsch
Aletsch, lente poussée d'une masse sèche qu'il est à coup sûr déraisonnable de vouloir rapporter ou mesurer à notre temps - on ne l'a que trop fait -, à moins que nous disposions d'un de ces morbiers oubliés dans une fermette en ruine du côté de L'Auberson.
J'aurais voulu plutôt, si les moyens m'en avaient été donnés, noter la lourdeur de cette bête, large et résolue, sur une portée qui aurait été au diapason du grondement des torrents qui tressent leurs rubans en bordure de sa langue ; une lourdeur qui abrase la pierre et les ans, une langue qui avance sans bouger, nonchalante, sans parade, pousse et dort à la fois.
Je ne noterai en définitive que le vent froid qui la tient éveillée, l'eau qui rigole sur son miroir.
Et ceci : on comprend mieux en pratiquant la bête, de loin et de près, l'allure primesautière des ruisseaux qui déroulent leurs caprices au large de nos maisons, en tenant embrassés, tendus, leur commencement et leur fin. Et on se réjouit que nos enfants leur ressemblent.
Il est, je crois, très utile de faire une retraite sur Aletsch, de surfer sur ce radeau qui file la meilleure pente ; elle aura à coup sûr la vertu pédagogique de ramener chacune de nos agitations à des crispations et chacune de nos vanités à de l'écume.
Jean Prod’hom
Dans les éboulis
Dans les éboulis qui jouxtent la villa Cassel,
à côté des épervières et des silènes penchés,
dans le soleil touchant, l'achillée erba-rotta au parfum de musc.
Jean Prod’hom
Brelan
Faire le mur,
l’amour, le mort.
Pas mieux.
Jean Prod’hom
Photo | Arthur Prod’hom
Nous autres sédentaires
Nous autres sédentaires, nous nous déplaçons tout autant que les chasseurs-cueilleurs du Magdalénien. Mais nous ne le faisons pas sur un fil, nous oeuvrons pour un collectif qui assure notre survie.
Nous n’éprouvons que de manière lointaine, le soir venu, le soulagement de trouver un abri. On va et vient dans le brouillard, dans une sorte de nuit brownienne sans queue ni tête.
Nous demeurons pourtant à l’affût d’un peu de cette lumière qui suffit aux poussières, avec derrière la tête, ce rêve qui ne cesse de nous travailler, celui de trouver un gîte, de l’eau et un peu de repos à l’ombre d’un merisier.
Jean Prod’hom
Tu me conseillais de ne pas insister
Tu me conseillais de ne pas insister,
et de me réjouir de ceux qui ont trouvé une place : faucons, galets, raiponces.
Je le concède aujourd’hui, ce n’est pas si mal.
Jean Prod’hom
De la salamandre qu’on admirait sur son épaule
De la salamandre qu’on admirait sur son épaule,
il ne resterait bientôt qu’un hématome,
un hématome chronique.
Jean Prod’hom
Elle avait levé la tête hors du cambouis
Elle n’avait levé la tête hors du cambouis qu’à la fin de sa vie, pour constater, en souriant, qu’elle était un peu perdue. Elle ne savait ni nager ni voler, ni détaler comme le lièvre, ni battre des ailes comme le papillon. Elle parlait peu, se tenait aux aguets, aussi bien de ce qu’elle avait sous les yeux que ce qui passait dans le lointain. Elle allait et venait, dedans et autour de chez elle, des pas lents qui étaient comme le pas d’une danse. Lorsque je lui rendais visite à la belle saison, elle cueillait des petits fruits ; lorsque le bol était vide, je m’en allais. Elle avait, hiver comme été, tant à faire avant la nuit : regarder, écouter, ranger, faire encore ce qu’elle avait toujours fait, s’endormir, puis se réveiller.
Jean Prod’hom
Inutile de vouloir fixer le milieu
Inutile de vouloir fixer le milieu
dans lequel les choses apparaissent et disparaissent.
Il est, suivant leur lenteur, ces choses qui vont, viennent et s’effacent.
Jean Prod’hom
PS
«... on pourrait parler de la photo comme d’un nouement et d’un dénouement simultanés : nouement, parce que l’image se saisit en une seule fois de plusieurs temporalités : dans un simple portrait, par exemple, où le regard, photographié depuis son retrait à l’intérieur de l’ici/maintenant incontestable de la pose, suscite toujours la divergence d’un futur. Et dénouement, parce que l’image apparaît en même temps comme l’unique résultat possible de ce concours de temporalités, et comme l’apaisement des tensions mêmes qui l’habitent. »
Jean-Christophe Bailly, L’Instant et son ombre
En gardant un secret
En gardant un secret, nous lui donnons
l’occasion d’aller plus loin ; en l’accompagnant d’une mélodie,
nous lui offrons une portée réelle.
Jean Prod’hom
Averse de lumière
Averse de lumière,
ombres portées.
Persiste l’écho immobile de ce qui passe.
Jean Prod’hom
PS
«Ce que l’on devrait se demander devant l’immobilité ou le suspens de l’image, c’est : de combien de temps une photographie se souvient-elle ?
Jean-Christophe Bailly, L’Instant et son ombre
Un prénom et un nom
Un prénom et un nom,
deux dates, tenues à distance
par un trait d’union. Juste assez.
Jean Prod’hom
Battre les cartes de ce qu’on pressent
Battre les cartes de ce qu’on pressent, lui donner forme,
et place et lumière. Faire feu de tout bois, de ce qui est, de ce qui n’est pas.
Pour le reste, se fier au principe des vases communicants.
Jean Prod’hom
Campagne perdue
Pour Stéphane Goël
Campagne perdue.
On reverra néanmoins tout ce qu’on a vu ;
le poète aussi, qui reviendra comme un cheveu sur la soupe.
Jean Prod’hom
Le XIXe siècle a rapatrié la gourmandise
Le XIXe siècle a rapatrié la gourmandise du côté des vertus, l’assassinat
du côté des beaux-arts, l’escroquerie du côté des sciences exactes.
Aux XXe et XXIe siècles le soin de terminer le travail.
Jean Prod’hom
Le lecteur en sait tout autant que l’auteur
Le lecteur en sait évidemment tout autant que l’auteur.
Mais s’ils veulent en être assurés un jour,
l’un d’eux se doit de prendre les devants : le plus impatient.
Jean Prod’hom
Marges
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges 169 (janvier-février 2015)
Lisbeth Koutchoumoff :
Le Temps Samedi Culturel ici et là (19 novembre 2015)
Critiques littéraires du « Temps »
L'année 2015 des livres: nos 10 coups de cœur (28 décembre 2015)
Rétrospectives
Michel Audetat
Le Matin Dimanche (6 septembre 2015)
Jean-Louis Kuffer (8 novembre 2015)
Le Matin Dimanche
Thierry Raboud
Quotidien de la Liberté (31 octobre 2015)
Philippe Dubath (18 novembre 2015)
24 heures
Karim Karkeni (24 novembre 2015)
Radio Vostok
Jean-Louis Kuffer
Ceux qui écrivent dans les marges (4 octobre 2015)
Ceux qui font attention (8 octobre 2015)
Tessons de rentrée (15 octobre 2015)
Mémoire vive (92) (9 novembre 2015)
Passion de lire (18 novembre 2015)
Alain Bagnoud (9 novembre 2015)
Blog d’Alain Bagnoud
Dany Schaer (10 décembre 2015)
Journal de Moudon
Echo du Gros-de-Vaud
Céline Prior (janvier 2016)
Terre et nature
Dimitri Pittet
La Broye (10 septembre 2015)
Collègues écrivains (16 décembre 2015)
La Gazette, média de la fonction publique n°266
Frédéric Rauss (18 décembre 2015)
Lesmarges.net (in Les joies du père)
Tessons
Dominique Aussenac
Brimborions, Le Matricule des Anges 161 (mars 2015)
Lisbeth Koutchoumoff :
Pépite, Le Temps Samedi Culturel ici et là (15 novembre 2014)
Critiques littéraires du «Temps»
Les 20 livres qui ont marqué l’année 2014 (23 décembre 2014)
Palmarès
Michel Audétat (30 novembre 2014)
« Tessons » ou la beauté sauvée des eaux, Le Matin Dimanche
ch REIHE | ch COLLECTION | ch COLLANA (chstiftung)
Jean PROD’HOM | tessons
Jean-Louis Kuffer (5 et 12 novembre 2014)
Mémoire vive (51)
Ceux qui ramassent des éclats de beauté
Philippe Dubath et Odile Meylan (29 novembre 2014)
24heures 1
24heures 2
Jean-Blaise Besençon
L’Illustré (7 janvier 2015)
Tête-à-tête
Littérature romande (6 avril 2015)
Entretien
Tessons
Dominique de Rivaz (8 mai 2015)
Le Nouvelliste
Pierre Bergounioux (12 février 2015)
Cher Jean
Nicolas Verdan (27 novembre 2014)
Terre et Nature
Etienne Dumont (11 décembre 2014)
Bilan
Alinda Dufey (5 décembre 2014)
Vigousse
Thierry Raboud (6 décembre 2014)
La Liberté (Fribourg)
Carine Delfini sur La 1ère (12 novembre 2014)
RTS
Geneviève Bridel
Le Journal du samedi (27 décembre 2014)
Quartier livres
3.35 - 5.30
La Puce à l’oreille (27 novembre 2011)
Elsa Duperray
La Puce à l’oreille (27 novembre 2011)
Denis Montebello (2 décembre 2014)
Le blog de Denis Montebello
Karim Karkeni (17 décembre 2014)
Sur Katchdabratch
Alain Bagnoud (21 novembre 2014)
Blog
Danielle Marze
La Tribune Nyons-Vaison-Valreas (17 septembre 2015)
Karim Karkeni (24 novembre 2015)
Radio Vostok
Thomas Vinau (8 décembre 2014)
Éclats de rien qui bout à bout forment le temps. Récolte insignifiante des petits morceaux de couleur dont plus personne ne veut. On ne répare pas les pots cassés mais on peut en faire des bouquets, des enfants, des questions.
Sylvie Durbec (22 novembre 2014)
Lire Tessons de Jean Prod'hom, c'est marcher d'un pays à l'autre, d'une plage à l'autre, d'un Portugal aimé à une Bretagne retrouvée. Et les tessons s'entassent un peu partout dans la mémoire. Et ravivent le désir de poursuivre.
Claire Krähenbühl (17 novembre 2014)
Tesson(s) s'ouvre comme une huître et la chair s'annonce savoureuse: "les belles histoires n'ont pas de fin". Pour vérifier, je cours à la dernière page et ça finit bien mais par une promesse. Ouverte. Rien ne finit jamais. On se penche, on ramasse, on touche, on écrit. "Les restes de la vaisselles du monde!" Reliefs. Bris qu'on empoche comme un marron. Brisures qu'on achetait gamines, les morceaux cassés des pièces à quinze (qui se souvient?) un cornet pour 10 centimes. Chutes de tissus, échantillons, lambeaux, brindilles, restes de restes, mots. Motifs.
Dany Schaer (20 novembre 2014)
Journal de Moudon
Echo du Gros de Vaud
Agathe Gumy
Aux 4 coins du Mont (février 2015)
Tête-à-tête
Alain Schafer (6 novembre 2014)
La Broye
Frédéric Rauss (13 avril 2016)
Tessons (in Les joies du père)
Etienne Rouziès (25 mai 2016)
Tessons sur la Têt (in Le Vent des rues)
Jean Prod’hom
On l’a appris tôt ce matin à Chandonne
On l’a appris tôt ce matin à Chandonne, Dieu a décidé – très courageusement du reste – de se faire entendre à nouveau, à l’ancienne, en punissant ceux qui par leurs excès et leurs petitesses ne répondaient plus à ses attentes, c’est-à-dire l’ensemble de l’humanité.
Un plan simple dans l’esprit de l’époque, minimum de frais et maximum d’effets : creuser un canal pour dériver le Rhône, installer des pompes de première qualité tout autour du Léman et le vider de ses eaux.
Le calcul est aisé, le volume ainsi dégagé – sans déroger aux règles en vigueur dans nos sociétés à dessein de se protéger de ceux qui les mettent en danger – serait amplement suffisant pour mettre sous clé, dans des cellules collectives, l’ensemble de l'humanité.
Quelques jours à ce régime devraient, Dieu en a fait le pari, conduire chaque être humain à prendre conscience de l'importance toute relative de l'espèce à laquelle il appartient, à renoncer à sa petitesse et à donner une chance à sa grandeur d'âme, si souvent mise à mal par ses égoïsmes. Dieu est décidément un grand naïf.
Jean Prod’hom
CXLI
Comme chaque dimanche matin, Jean-Rémy sort de son réduit, botté, ganté, masqué ; avec un bel arrosoir d’étain qu’il manipule avec précaution, c’est qu’il est plein de poison. Du poison qu’il verse centimètre par centimètre sur le damier de sa cour pavée. Pensées, liserons, camomilles et pâquerettes, tout doit disparaître.
Une seule mauvaise herbe résiste, sans visage ; c’est sûr, Jean-Rémy reviendra.
Jean Prod’hom
Durer le temps qu’il faut
Durer le temps qu’il faut, ni pierre ni éphémère ;
calculer, évaluer, ne pas perdre de vue les unités ;
quitter la partie.
Jean Prod’hom
Les lieux de notre enfance
Les lieux de notre enfance se confondent avec elle, à la fois toute et ce qu’il en reste. Ils ont échangé leurs couleurs et leurs ombres, déposées là où nous avons passé depuis, pour n’en former qu’un seul, dont l’étendue se prolonge jusqu’à aujourd’hui et qui, à la faveur d’un demi-tour et d’un long détour, nous invite à passer d’un coup du lointain au proche, du familier à l’étrange, comme sur une bande de Möbius.
Jean Prod’hom