Fey
A l’intérieur d’un cube de béton sans barreaux, j’accueille ce matin vingt-neuf élèves. Dans la boîte aux lettres ce midi, je récupère le numéro de la revue faire part consacré à Gil Jouanard et le papier annonçant la journée qui lui sera consacrée en mars au Cheylard.
Sur le chemin longeant la Menthue, cet après-midi, je fais une balade avec Edmond, autrefois employé agricole à Ropraz, aujourd’hui à la retraite ; il poussait alors une carriole de Vers-chez-les-Rod à la laiterie, dans laquelle il fixait soir et matin trois boilles à lait. Il chantait à tue-tête, lorsqu’il faisait encore ou déjà nuit, des mélopées au caractère indécis, entre louanges et imprécations, pour s’assurer de la protection du Très-Haut ou effrayer le diable qui hante depuis toujours ces fonds de la Corcelette.
Edmond est depuis quelques années l’un des vingt résidents de l’ancienne maison de la direction Nestlé chargée alors de fabriquer, dans les fonds de Bercher, le lait condensé. Edmond prie, Edmond s’inquiète de ce que lui réserve le ciel.