La porte dont il passe le seuil
La porte dont il passe le seuil s’ouvre et se ferme sur des espaces qui ne s’ajustent pas, décrochés, c’est une impression étrange, comme celle laissée dans les bords d’un de ses rêves. Les deux réalités ne se succèdent pas, comme s’il n’y avait aucune continuité entre le paysage qu’il quitte et celui dans lequel il s’avance, comme ces bords de route qu’on ne songe pas à rapprocher suivant qu’on les longe dans un sens ou dans l’autre. L’impression que la réalité se livre morceau après morceau sans que ceux-ci, séparés par le battement de ses paupières, ne communiquent entre eux, mais que la raison faufile pour parer au plus pressé et en tirer, couleurs passées et coutures lâches, un habit décent.
Jean Prod’hom