L'orage de cette nuit a fait sauter le couvercle
L'orage de cette nuit a fait sauter le couvercle, soufflé les vapeurs et les cendres de l'immense incendie de ces derniers jours, on a passé à côté d'une catastrophe météorologique. Les rayons du soleil se glissent à nouveau dans les sous-bois, discrètement, par-dessous, entourent les arbres de lumières et d'ombres. Les verts des mousses et des épicéas se distinguent à nouveau des gris, des ocres et des roux des écorces, le ciel étend les bras plus haut, on peut respirer. Personne ne rêve pourtant, un nouvel épisode se prépare et je crains que les orages des jours prochains n'auront pas les mêmes égards pour nos petites affaires que celui de cette nuit.
Je bâille à la vue de ma répartition horaire de l'année qui vient, je mets donc de l'ordre dans mes affaires et de côté ce qui pourrait m'être utile, liste les activités-cadre que je vais proposer aux élèves, voilà qui m'apaise un peu.
Cherche le film sur les Mentawai par lequel je voudrais commencer avec les nouveaux de la 11. Il doit être en classe.
Je descends à l'école pour mettre la main dessus pendant que Sandra se rend à Payerne avec les filles. Belle surprise, la première des trois nouvelles constructions scolaires est sous toit, les peintres, les vitriers, les électriciens butinent à l'intérieur, tout sera vraisemblablement prêt cet automne. On distingue sur les façades le profil des Trois Danseuses de Degas, c'est techniquement assez réussi, mais le bunker ne s'est pas de ce fait mis à danser sur les pointes. Quant au deuxième bâtiment dont j'ai suivi les travaux depuis la salle 6 ces derniers mois, les sous-sols sont terminés, la chape du premier étage est coulée. ll fait une chaleur terrible dans l'arène et les ouvriers travaillent au ralenti.
J'apprivoise les nouvelles serrures et les nouvelles clés, il n'y a presque personne dans le bâtiment. Le film sur les Mentawai est bien là où je le pensais, le glisse dans un sac avec tout ce dont j'ai besoin pour parer au plus pressé avant d'aller discuter le coup avec Fanny et Murielle à la bibliothèque, on jette ensemble un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur sur nos vacances.
Balade du soir avec Sandra et Oscar, la haute pression a gagné la partie, on passera à côté de l'orage ce soir, mais on ne perd rien pour attendre.
Jean Prod’hom