N'aurai aujourd'hui eu à me mettre sous la dent
N'aurai aujourd'hui eu à me mettre sous la dent qu'un peu de fierté, celle de m'être levé à 4 heures du mat', comme à 16 ans, sans que mes paupières ne me le reprochent à 10 heures ou que mon humeur ne me le fasse payer à midi.
Retiendrai au détour des Croisettes que les bâtiments scolaires ne sont pas les seuls exemplaires de l'architecture bunker. Me souviendrai en outre des trois vieilles jouant aux cartes sur la terrasse de l'Université à Dorigny, sous un parasol. Pour le reste aurai passé par-dessus cette journée comme sur un dos d'âne, sans jamais avoir eu la présence d'esprit de poser un pied sur la lune, ni mon regard sur rien. Tout cela fait bien peu, je le concède.
J'aurai aperçu pourtant quelques embruns, de loin : des sourires auxquels je ne m'attendais pas, des visages reposés, de l'énergie à revendre.
Et j'ai appris que le Ienisseï est un fleuve de Sibérie – que Khadija a traduit avec bonheur par l'expression : Je ne sais pas.
Arthur, Louise et Lili sont revenus enchantés de l'école, c'était jour de rentrée, on sait nager une fois pour tout, n'est-ce pas ? Mais c'est une journée qui aura passé comme une parabole, sans moi.
Jean Prod’hom