Grande boucle au réveil
Grande boucle au réveil, sous la pluie. Sandra dans une veste bleue, moi avec un parapluie, le chien mouillé. Le vert des épicéas est assourdissant, les sorbiers saignent orange. Aucun oiseau dedans ce monde, à l'image de mon humeur, sans échappée, pris dans la boue et le froid, des idées lourdes et sombres.
Les filles partent demain matin à Curtilles pour leur camp d'équitation, elles n'ont pour l'heure qu'une idée en tête, suivre à la télévision les épreuves de dressage et de saut de cheval qui se déroulent à Londres dans le cadre des Jeux olympiques. Reviens de mon côté tant bien que mal sur les notes rédigées à Casteljau, plutôt mal. Plie du linge, donne un coup de main à Sandra qui remet la maison d'aplomb, elle ne semble pas touchée par la déroute du climat, un peu plus par la mienne. On élague dedans et dehors, le pommier en espalier et ce qui tient lieu de salon, un vieux canapé, un coffre... Me réjouis d'arriver au bout de cette journée dont je n'aurais rien fait sinon extraire ces mots des essais de Montaigne lus pendant une accalmie :
... de même que ceux qui éteignent la lumière du jour par une lumière artificielle, nous avons éteint nos propres moyens par des moyens empruntés. Et il est aisé de voir que c'est la coutume qui rend impossible pour nous ce qui ne l'est pas...
Et puis, en guise de consolation, j'ai retrouvé dans un vieil album de papa quatre photographies du fond de l'Etivaz, datées de janvier 1946.
Jean Prod’hom