Le dentiste auquel je rends visite ce matin

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Cher Pierre,
Le dentiste auquel je rends visite ce matin reconnaît que le travail réalisé par sa collègue, il y a une année, n'a pas résisté ; il me propose de revenir dans quinze jours, il s'en chargera.

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Je ne m'attarde pas à Moudon, rentre au plus vite ; Sandra et Louise sont descendues au marché, Lili fait du piano puis range sa chambre, Arthur aussi : les travaux commencent lundi. Je fais rapidement un saut au triage ; les lieux semblent déserts, je m'approche du nid : vide ; mais je crois reconnaître leur chant, aperçois bientôt mes deux protégés dans les sous-bois, sans leurs petits, dont je peine à imaginer leurs premiers pas, leur premier vol, leurs premiers jours, leurs premières nuits.
Les enfants m'aident au retour à descendre les restes du parquet stockés dans le combles, on les entasse dans le hangar, ils pourraient intéresser Guillaume. Sandra descend plusieurs fois à la déchèterie, avec Arthur ; fait de l'ordre avec Louise. Les quatre sous-pentes sont vides, la dépense aussi. Tris d'habits, de jouets, mais aussi de tout ce qu'on a mis de côté depuis plus de 15 ans, au cas où ; de tout ce qui n'a pas encore tenu ses promesse.
Avec ce paradoxe que l'oubli dans lequel on les a reléguées au fond d'un carton, d'une armoire ou d'un grenier, le silence auquel on les a réduites semblent nous obliger, si on ne se sermonnait pas, à leur offrir une nouvelle chance, c'est-à-dire à les conserver plus précieusement encore, jusqu'au moment où, enfin, on les invitera à nouveau parmi nous ; elles révèleront alors leurs secrets et dispenseront leurs trésors...
il faut se faire violence, l'étouffement menace ; cesser de raisonner, parer au plus pressé ; s'arracher et agir sans se retourner ; s'en débarrasser, les oublier.

Jean Prod’hom