Aux sténoses qui obstruent nos manières de penser

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Cher Pierre,
Aux sténoses qui obstruent nos manières de penser, Jean-Christophe Bailly propose, depuis des années déjà, des textes animés et tendus par des ressorts qui agissent comme des stents, assurant le passage d'un liquide incolore qui désencombre le lit de nos pensées et s'ouvre en delta sur une réalité élargie à laquelle on n'avait pas prêté suffisamment attention, une réalité qui contiendrait tout à la fois nos manières étroites de penser, ce que celles-ci écartent pour fonder leur légitimité, et l'échappée sans laquelle nous ne vivrions vraisemblablement pas. Il y a au-delà du corps second, laborieux, que nous charrions chaque jour, ou en-deçà, un corps premier qui nous fait marcher sans rien vouloir ni savoir, sans hâte, sans débordement. Et lever la tête.


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Jean-Christophe Bailly ne cesse de rendre à l'homme une dimension dont celui-ci croit avoir été dépossédé, mais en direction de laquelle chacun se tourne, à chaque pas, d’où qu’il vienne et où qu’il aille, dimension sans laquelle il n’accepterait pas la prison dans laquelle son espèce a trouvé refuge.
Refuge donc de refuge, dont les dimensions rétrécissent toujours davantage, affaiblissant l’essentielle interrogation sur notre provenance et notre destination, dont on perçoit l’écho cependant chaque fois qu’on jette un regard à côté, du côté des friches, du côté des rivages, du côté des bois, et qu’il convient de traverser avant de réintégrer, réconcilié, les lieux qu’on a voulu quitter.

Jean Prod’hom