Errant à bord d’une coque de noix

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Les hommes marchent à sec parce que les eaux qui les menacent forment une double muraille qui les en protège. Miracle.
Mais ils avancent talonnés par la peur et la mer qui se referme derrière eux. Le chemin étroit qu’ils empruntent est sans issue et se prolonge aussi longtemps qu’ils parviennent à distinguer la mer de la mer, la terre de la terre, l’ici de l’ailleurs, les mots des choses.

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Lorsque le lien casse, on retrouve certains d’entre eux prostrés sous la double muraille qui les submerge, ou errant à bord d’une coque de noix, ubiquitaires, égarés, réunissant dans un imprévisible poème les mots et les choses.
Passe une petite heure avec F. et deux de ses visites dans une chambre du 13ème. Elle reconnaît la dent de Jaman, je reconnais les autres: la Dent de Lys, le Vanil des Artses, le col de Pierra Perchia, la Cape au Moine, le col de Jaman, les Rochers-de-Naye. On y est allés naguère ensemble. Mais la tour des infirmières verrouille l’échappée vers le Valais.

Jean Prod’hom