Plusieurs pensionnaires ont quitté l'établissement
Ce dimanche matin, il y a peu de voitures au parking ; dans un angle de la cafétéria, une jeune employée, blouse blanche, anime un atelier de pâtisserie, deux résidentes y participent.
Plusieurs pensionnaires ont quitté l'établissement un peu après 10 heures, avec un membre de leur famille, ou un vieil ami, ils reviendront en fin d’après-midi. Les plus fatigués somnolent dans leur chambre, ils n’ont plus personne, à quoi bon ? Ceux qui en ont encore la force s'en réjouissent, s’abandonnant aux rayons du soleil qui fait un grand arc de cercle devant leur fenêtre grand ouverte, les rideaux vont et viennent, s’entrouvrent et laissent monter jusqu’à eux la lente rumeur des eaux hautes de la Sorge.
Arthur et Edmond jouent au jardin d'hiver où ils se sont, la veille, donné rendez-vous. Malgré les efforts que chacun a dû déployer, ils sont à leur poste, comme tous les dimanches matin, accoudés à la table ronde ; ils font une partie de bâtonnets. lancent les dés à leur tour, mais seul le premier déplace les pièces.
Le chat Calou cligne de l'œil, niché dans la paille miel et or placée dans une corbeille en osier que matelassent les restes d'un vieux sac de jute. Paille, pelage, jute et osier ne font qu'un sur le rebord de la fenêtre, à côté de la boîte aux lettres ; ils ont, avec les vieux dans leur drap blanc, une place à part dans le concert des nations, ils n’attendent ni ne demandent rien.
Jean Prod’hom