Je ne suis qu’un abord, sans appui
Trier, écarter, déplacer. Repousser les limites de l’incompréhension aussi longtemps que je le peux. Un rais de lumière, une oscillation, un bruit de clé, voici que le poème se met en branle, s’organise à mes dépens, danse les yeux fermés, dans le lointain d’abord avant de se glisser sous mes pieds.
Un poème n’est pas un poème, il est ce qui te livre au hasard et à toi-même, t’oblige à puiser ailleurs, à te transporter là où tu ne songeais pas aller, au milieu de ces blancs et de ce vide qui donnent vie aux choses, libérées soudain. Rien à quoi se tenir, au milieu de rien, tout se tient. Tu le disais :
Je ne suis qu’un abord, sans appui.
Mais ça je ne l’ai su que plus tard, au passage des cigognes. Confiance et fidélité.
Jean Prod’hom