(FP) Devant la ferme de Roud à Carrouge

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Cher Pierre,
Il est inconvenant de vouloir tirer quoi que ce soit des outils, des reliques, de la maison d’un poète. J’ai fait une halte pourtant, ce matin, devant la ferme de Roud à Carrouge, l’eau coulait dans les deux fontaines.

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Mais de savoir que quelqu’un y fut, tout à la fois étranger et proche, que ce quelqu’un prit acte, autant qu’il le put, de sa condition et des alentours, qu’il la quitta chaque jour pour rejoindre le chemin de la Louchyre, de Ferlens ou la route de Missy, donne au monde dans lequel je suis une substance singulière ; une manière d’être, de se livrer ; une durée, une réalité qui s’ouvre et me soulève. Me voici embarqué et je sens la brise fraîche du matin que diffuse la maison vide du poète sise aux quatre vents.
Je longe le chemin qu’il a emprunté tout à l’heure, ça aurait pu être ailleurs et le fait d’un autre poète –, mais c’est ici, sur la route d’Hermenches, Prahins ou Molondin, c’est ici qu’il a creusé son absence et mon attente. (P)

Jean Prod’hom