Je téléphone à 8 heures



Je téléphone à 8 heures à l'entreprise auprès de laquelle j'ai signé un contrat de maintenance. Un réparateur passera dans la journée.
Il me faut continuer à composer avec mes incompétences, mais je parviens pourtant à télécharger un fichier de sous-titres compressé .rar que je réussis à décompresser. Je dispose désormais de Vaghe della stella de Visconti dans la version originale, sous-titrée.
En bas, Sandra tourne un film avec les enfants en utilisant le principe du cluedo. Les Kunz s'en vont en fin de matinée, le film est terminé. C'est Arthur qui le montera. De mon côté je poursuis mon voyage à Naples, dans la banlieue nord, en visionnant le film Gomorra tiré du livre de Saviano.
Françoise, Valentine et Lucie nous rejoignent pour donner un coup de main à Sandra qui a été chargée par Guillaume et Aurélie de faire les cornets de bonbons dont les invités arroseront les alentours à la sortie de l'église.
Stupeur quand Françoise est sur le point de s'en aller, je suis dans l'incapacité non seulement de retrouver mon portemonnaie avec la carte d'identité dont elle s'était proposée de me faire des photocopies en prévision de la sucession de l'oncle Denys, mais encore d'accéder à une image assez nette de l'endroit où j'aurais pu l'avoir vu pour la dernière fois.
Je me mets à monter et descendre les trois étages de la maison, plusieurs fois, à fouiller le vide-poche de la 807, plusieurs fois, le sac poubelle que je vide. Je me vois perdu : cartes bancaires, euros, carte d'assurance, carte d'identité, permis de conduire,... A quoi sert-il de vivre ?
Je le retrouve grâce à Sandra qui me suggère d'aller voir du côté du fauteuil sur lequel j'ai regardé mercredi soir le match de football entre Bayern de Munich et Real Madrid. Il est bien là, et avec lui la promesse du paradis. Il vaut la peine de vivre même si le ciel est gris et bas. Une ombre pourtant au bonheur retrouvé, un merle vient s'écraser contre la porte-fenêtre du salon, il reprend ses esprits dans l'herbe, sera-t-il en état de s'envoler ? Je crains que les chats ne le ratent pas. Il a laissé sur la vitre les vers de terre qu'il destinait à ses petits. Lorsque je repasse un peu plus tard, il n'est plus là. Je me retourne, les chats n'ont pas quitté le canapé de la cuisine, la vie continue.

Jean