Passe la fin de la nuit
Passe la fin de la nuit dans les alpes grisonnes, en songe. De rendez-vous manqués en rendez-vous manqués, il est une heure l'aprÄ—s midi lorsque je me rends compte qu'il est trop tard, impossible désormais de rejoindre la cabane prévue. Avec qui ? je ne sais pas exactement. Qui sont donc ces gens qui me sont si familiers ?
Fine pellicule de neige ce matin, à nouveau, il est 6 heures et le thermomètre indique moins de 5 degrés sous zéro. Quand l'aurore aux doigts de roses paraît un peu plus tard, c'est un monde bleu qui se lève, bleu dragée, de la couleur des bracelets qu'on met aux poignets des garçons dans les maternités. Sur le plat de Sainte-Catherine, la lumière prend une teinte violette.
Ça grogne au Mont, les vibrations dérangent certains enseignants dans leur travail, leur parler de Fuskushima n'apaise pas leur colère. J'enchaine six périodes d'enseignement dont je ressors curieusement en bon état, les élèves de la 9 ont lu leurs textes libres du mois. Suis surpris par la vivacitÄ— de certains d'entre eux.
Les ouvriers quittent le chantier en même temps que les enseignants, il est un peu plus de 16 heures, mais les deux groupes ne se mélangent pas. Je reste à la salle des maîtres, discute le coup avec D. des manuels scolaires, de notre présent d'où découle l'histoire. Je reste encore un instant sur l'un des fauteuils rouges, l'oeil fixé sur la butte couverte d'herbe rase, semblable à celle que laissent les moutons de l'Asclier. Les voitures sur la route de la Blécherette mêlent leurs bruits à ceux des souffleries des ordinateurs, j'entends quelques pas précipités dans les couloirs. Soleil partout. La salle des maîtres est laissée à elle-même, un peu lasse, les murs presque nus.
Il est 17 heures 30 lorsque je me décide à rentrer, prépare une tarte aux pommes, sors les poules qui sont très agitées, remplis leur abreuvoir. Récupère 12 oeufs, on en mangera 6 ce soir. Louise est fatiguée, Sandra s'occupe du rallye de mathémathique transalpin, Arthur fait de la trottinette. On relit le texte qu'il a rédigé pour son blog. On se rend ensuite tous les deux au cinéma de Carrouge, on y projette un Sherlock Holmes auquel je ne comprends pas grand chose. Je suis fatigué.
Jean