Le Vatican
Salle des cartes, province par province, celle de Sicile : Catane, Milazzo et les îles éoliennes, le Vulcano crache des flammes.
Pinacothèque, siècle par siècle : dans la main du Christ une poire, ou rien, ou un pic-vert ; trois oeillets dans un vase en piteux état, peu de lumière.
Du bleu enfin, le bleu du Jugement de la Chapelle Sixtine, du bleu de haut en bas, la mer, et puis celui de l’habit de Marie et, par le grain, trois natures mortes de Morandi.
Pour finir, bâclés, deux chardonnerets surpris par l’averse, peints sur les battants de deux armoires qui se succèdent dans un interminable couloir. De l’air, de l’air. Dehors, le visage de Pasolini sur l’une des piles du Ponte Sant’Angelo et un pêcheur sur la rive droite du Tibre, il y passera la journée.
Rome n’est pas dans Rome, partout des coulées de lave et une voix qui demande le silence sans jamais l’obtenir.
Jean Prod’hom
Giorgio Morandi, Nature morte italienne,1957