Dimanche 10 janvier 2010
Il faisait déjà nuit lorsque nous est parvenue de la chambre des enfants une mélodie d’autrefois portée par l’un de ces rais de lumière qui maintiennent tendus les interminables couloirs des maisons foraines. Qui s’avance jusqu’au seuil aurait aperçu par la porte entrebâillée une fillette incisive qui faisait ses grands travaux avant le clair de la lune. Nicolas, par quelle route vais-je prendre mon chemin? Je m'égarerai sans doute si tu ne me tends la main.
Inutile de lui tendre la main Nicolas, elle t’a oublié, c’est l’hiver, la fillette danse déjà la ronde du muguet. Regardez-la, des capucines et de gentils coquelicots ornent son front. Elle se lance, les doigts de sa main droite pincent les cordes de l’instrument qu’elle malmène, ils vont vite, invitent à des enjambées que la fillette peine à suivre, c’est qu’ils sont tenus de composer avec ceux de la main gauche qui décident de l’allure à l’avant de l’attelage, ils pressent, ses doigts s’emmêlent. La fillette reprend avec plus de vigueur encore, ça la démange, tout s’emballe, c’est la tarentelle. Elle donne volage son coeur au petit marchand d’galettes, petit berger ou petit cordonnier, à qui le veut, Frédéric ou Henri IV.
Elle joue, et chante Plumes plumes sur le pont d’Avignon, Sors escargot de l’étang plein de sardines à l’huile et ça la fait rire aux éclats.
Jean Prod’hom